Tout cela est à la fois vrai et truqué comme il arrive au théâtre et pour les maladies mentales. […] L’autre que l’on constitue, l’on ne l’invente pas, il appartient au monde déjà établi des dieux ou des orixas, mais il n’existe pas effectivement. Il est à l’état de figure virtuelle non définie et surtout non existante pour les autres. La créer, c’est susciter des conduites nouvelles : la terreur chez les assistants ou l’espèce d’hilarité qui s’empare de tous quand on représente un personnage bouffon. Tout cela fait partie du registre des émotions suscitées par la fête des orixas : multiplier les émotions possibles par l’invention de figures imaginaires. Ce que nous appelons art en Occident n’est qu’un aspect rétréci et souvent racorni d’une immense ouverture, une expérimentation de la réalité par l’imaginaire dont souvent nous ne voyons pas l’ampleur…
Jean Duvignaud, Fêtes et civilisations