C’est une aventure hors des régions balisées de notre quotidien,
on est dans l’excès de créativité, dans le délire collectif.
Jean Duvignaud
les noceurs de la cambrousse : Ce n’est pas parce qu’on se refuse à donner un but ou une finalité aux fêtes qu’on se refuse à leur donner du sens, bien au contraire. Le désœuvrement qui couve dans les festivités conventionnelles de la jeunesse occidentale ne peut même plus nous divertir. Alors du sens oui, mais lequel, lesquels ? Qu’est-ce qui nous serait important de fêter ?
Quelques images de fêtes du passé nous sont revenues en mémoire : des paysans à la fin des moissons, à la Saint-Jean, un peuple en armes dansant dans les rues pour la « Libération »… Des images aujourd’hui figées dans des cérémonies, folkloriques pour les premières, commémoratives pour les secondes. L’absence de sens dans nos fêtes nous semble directement en lien avec l’absence d’expériences communément partagées. C’est une banalité, mais en gros les fêtes ont la qualité de ce que vivent ensemble ceux qui y participent. Si on prend les fêtes du Bac par exemple, c’est frappant. Alors qu’on vient de passer la même épreuve, qu’on a le même âge, qu’on a vécu toute une année dans le même établissement, finalement que fait la promo ? Une sortie en boîte, un repas à la pizzeria, comme les autres classes, comme tous les week-ends. Alors avec le temps, au lieu de se lamenter sur ce désert, on a un peu décalé la question, on s’est dit que donner du sens à une fête, dans notre situation, ça pourrait commencer par lui donner un élan créatif plutôt qu’un rite et un sens fini. Nous sommes donc partis à la recherche de bribes, d’images qui à la fois seraient fortes, et en même temps laisseraient suffisamment de latitude pour construire autour un monde à partager avec tous les participants. Une sorte de micro-imaginaire depuis lequel réinventer et ré-enchanter nos existences. Ensuite, advienne que pourra, car le but du jeu, dans la création, n’est-il pas justement de se laisser surprendre ?