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Fatal bouzouki

Entretien avec le journal Rebetiko

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Le Chœur ion du texte
présentation du texte  

Est-il encore possible, dans les années 2000, de considérer l’écriture comme un geste offensif ? À l’heure où Guy Debord est à la BNF, et alors que cela fait trente ans que le champ du scandale littéraire a fini d’être balisé pour n’être arpenté que par quelques débris réactionnaires voire négationnistes, la question mérite d’être posée. Pourtant, en matière d’offensive plus encore peut-être que partout ailleurs, l’articulation entre les actions et les énoncés demande à être prise à bras-le-corps.
L’affaire de Tarnac et le volet sur la paternité supposée de L’insurrection qui vient ont changé la donne au moins pendant un temps : un écrit devenait subversif aux yeux des autorités, pas simplement comme indice de l’appartenance à une quelconque mouvance, mais comme élément à charge dans une enquête judiciaire. Le journal Rebetiko sortait dans la foulée, avec comme ambition affichée de faire porter une voix révolutionnaire et comme modalité d’élaboration une certaine clandestinité. Dix numéros et deux années de recul sur l’expérience – terminée au printemps 2011 – plus tard, des rédacteurs du journal reviennent sur ces deux questions fondamentales : « un journal peut-il être un geste ? » et « est-il possible de se faire entendre derrière une cagoule ? »

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Désertion

  • Incipit vita nova
  • Odyssée post-CPE
  • Y connaissait degun, le Parisien
  • Fugues mineures en ZAD majeure
  • Mots d’absence
  • Tant qu’il y aura de l’argent

Trajectoires I - 1999-2003 – L’antimondialisation

  • Millau-Larzac : les coulisses de l’altermondialisme
  • Genova 2001 - prises de vues
  • Les points sur la police I
  • Les pieds dans la Moqata
  • OGM et société industrielle

Savoir-faire

  • Mano Verda - Les mains dans la terre
    • Les pieds dans les pommes
    • Agrisquats – ZAD et Dijon
    • Cueillettes, avec ou sans philtres
      • Récoltes sauvages
      • Correspondance autour des plantes et du soin
      • Des âmes damnées
  • Interlude
  • Devenirs constructeurs
    • Construction-barricades-occupation
      • 15 ans de barricadage de portes de squats
      • Hôtel de 4 étages VS électricien sans diplôme d’État
      • Réoccupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
    • Constructions pérennes–installations agricoles
    • Maîtrise technique
      • Chantiers collectifs
      • Apprentissage et transmission du savoir
      • Outils et fabrique
    • Gestes et imaginaire

Fêtes sauvages

  • Prélude
  • Faire la fête
    • Entretien avec M. Carnaval, M. Free et Mme Party
    • Communautés des fêtes
      • Suite de l’entretien avec M. Carnaval, M. Free et Mme Party
      • Carte postale : Italie – La scherma
  • Éruption des fêtes sauvages
    • La fête prend le terrain : un jeu avec les autorités
      • Carnaval de quartier
      • Une Boum de gangsters
      • Compétition d’apéros géants 2009-2011
    • La fête garde la main : s’affirmer, revendiquer, s’imposer
      • Free Parties : génération 2000
      • Les karnavals des sons
      • Carnaval de la Plaine
    • La finalité des fêtes
      • Street parties : Making party a threat again…
      • Carte postale : La Guelaguetza d’Oaxaca
  • Le sens de la fête
    • Fêtes et créations d’imaginaires
      • L’imaginaire des nuits du 4 août 2011
      • Vive les sauvages !
    • Quand l’imaginaire devient tradition, coutume, culture
    • Jusqu’au bout de la fête
      • Le Banquet des nuits du 4 août
      • Ivresse, transe et Petassou

Trajectoire II - 2003-2007 – Emportés par la fougue

  • Trouver une occupation
  • Un Centre Social Ouvert et Autogéré
  • CPE, le temps des bandes
  • Les points sur la police II

La folle du logis

  • Prélude
  • Retour vers le futur
  • Mythes de luttes
    • Entretien de Wu Ming 5 et Wu Ming 2
    • Intervento
  • Figures, héros et traditions
    • Lettre à V pour Vendetta
    • Survivance
    • Entretien avec La Talvera
  • Fictions politiques

Habiter

  • Les 400 couverts à Grenoble
    • La traverse squattée des 400 couverts
    • Le parc Paul Mistral
  • Vivre en collectif sur le plateau de Millevaches
  • Nouvelles frontières
  • Matériaux pour habiter

Trajectoires III - 2007-2010 – C’est la guerre

  • la France d’après… on la brûle
  • Serial sabotages
  • Fatal bouzouki
  • La caisse qu’on attend…
  • Les points sur la police III

Hackers vaillants

  • Lost in ze web
  • Ordre de numérisation générale
  • pRiNT : des ateliers d’informatique squattés
  • Et avec ça, qu’est-ce qu’on vous sert ?
    • imc-tech
    • Serveurs autonomes
  • Logiciels libres
    • Nocturnes des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre
    • Logiciels : de l’adaptation à la production
    • Et si le monde du logiciel libre prenait parti ?
  • Hackers et offensive
    • Entretien avec sub
    • Pratiques informatiques « offensives »
  • Post scriptum
  • Chronologie

Intervenir

  • Prélude
  • Le marteau sans maître
  • Énonciation et diffusion
  • Féminismes, autonomies, intersections
  • Ancrages - Les Tanneries, 1997 - 20..
  • Rencontres avec le monde ouvrier
    • Une hypothèse
    • Aux portes de l’usine
  • Mouvements sociaux
  • Composition - indignados et mouvement du 15M

Trajectoires IV - 2010-2013

  • Charivaris contre la vidéosurveillance
  • Hôtel-refuge
  • A sarà düra Voyage en Val Susa
    • Récit de voyageurs lost in translation…
    • La vallée qui résiste
  • Les points sur la police IV
  • Une brèche ouverte à Notre-Dame-des-Landes

S’organiser sans organisations

  • Extrait d’une lettre de G., ex-syndicaliste
  • Solidarités radicales en galère de logement
  • Une histoire du réseau Sans-Titre
  • Un coup à plusieurs bandes
  • Les assemblées du plateau de Millevaches
  • S’organiser dans les mouvements barcelonais
Comment ça commence ? Pourquoi faire un journal gratuit et anonyme en janvier 2009 ? Pourquoi l’appeler Rebetiko ?
Markos  : Fin 2008, quand a commencé à prendre corps l’idée du journal, c’était le moment où ça pétait en Grèce, et si ça s’est appelé Rebetiko, c’est pas pour rien, on sentait que ça trouvait écho en France à ce moment-là. Plus largement, depuis déjà un bon moment, on sentait un retour d’une conflictualité plus intense. Il y avait quelque chose qui nous semblait avoir repris de la vigueur depuis le CPE et les émeutes de banlieues de 2005. Et ce qu’on voulait c’était lui offrir un espace d’expression.
Sotiría : Ce qu’il faut d’abord préciser c’est qu’il n’y avait pas, à ce moment-là, de groupe constitué qui s’est dit : « on va faire un journal ». Certains d’entre nous se connaissaient, parfois très bien, et d’autres pas du tout. Pour le numéro 0, on était plus d’une dizaine venant de différents endroits de France. On avait en commun le besoin de dire quelque chose sur la situation de manière un peu ambitieuse. Ambitieuse dans le sens « massive et régulière ».
Béba : Et puis c’est aussi un moment, juste après l’affaire de Tarnac, où il y avait une campagne putassière dans la presse sur les actes de sabotage, la mouvance « anarcho-autonomes », etc. D’un seul coup au travers de l’inculpation de ces dix personnes-là, la focale médiatique s’emparait de pratiques politiques dont nous nous sentions proches, aussi bien dans la manière de vivre que de lutter, les visibilisait autant qu’elle les traînait dans la boue. Il nous semblait que cette situation nouvelle requérait une parole publique émanant de ceux qui portaient ces pratiques et ces choix de vie. Une parole publique qui ne soit prise ni par les logiques et les contraintes des grands médias, ni par celles d’une affaire judiciaire et de ses comités de soutien.
Salakis : Il y avait aussi un effet Sarkozy. Le pouvoir, l’État, annonçaient chaque jour qu’ils posaient les couilles sur la table, et gare à ceux qui ne fileraient pas doux. C’était notamment palpable avec la circulaire Dati de juin 2008  [1]. Depuis cette situation, se donner les moyens d’avoir une parole totalement libre, anonyme, une parole diffuse impossible à réprimer de quelque manière que ce soit, c’était se doter d’une arme. Rebetiko ça se voulait être un journal guerrier, rapport aux nombres d’exemplaires distribués, à la gratuité et au rythme. On pensait sans forcément le théoriser que ce mode de gouvernement, très agressif, pourrait entraîner une montée conséquente de la conflictualité en retour. Aujourd’hui on peut légitimement se questionner sur la pertinence d’une telle hypothèse…
Dans le numéro zéro, il y avait vraiment un côté très tourné vers la question de la lutte politique, de l’insurrection, et c’est une coloration qui a changé un peu par la suite, avec la recette de la galette niçoise ou le retour d’estive en vallée d’Aspe. Je me demandais si vous aviez eu le sentiment de vous détacher de cette image première d’un journal purement insurrectionnaliste ?
Sotiría : Il y a une évolution qui tient au fait que c’était pas juste un « outil politique », ou alors que nous entendions le terme politique de manière très large. On avait envie de raconter des trucs qui touchaient, par exemple, à la sensibilité de la danse et du chant, avec des articles sur le flamenco ou sur Landou  [2], on espérait ainsi diffuser des imaginaires riches. Évidemment, avec le temps on a gagné en finesse, c’est sûr.
Salakis : Il faut aussi dire qu’au fur et à mesure, il y a eu des rencontres : que ce soit des gens qu’on allait chercher pour qu’ils écrivent où pour les interviewer, et d’autres qui s’abonnaient, puis qui voulaient participer. Par toutes ces rencontres le journal a évolué, s’est enrichi.
Béba : Les gens qu’on allait interviewer, c’étaient pas des personnes partageant forcément toutes nos idées politiques. Et c’est justement ça qui nous intéressait : aller chercher de l’autre et pas du même. Ensuite, en ce qui concerne les contributions extérieures, il faut avouer que ce n’est jamais facile de publier une parole qui n’est pas la tienne, souvent tu as envie de couper là où toi tu n’aurais pas dit ça, là où t’es pas d’accord. Il y a, malgré l’intention d’ouverture, toujours un petit démon qui t’incite à rendre les paroles dites plus proches de ce que collectivement nous portions dans le journal. On a essayé d’avoir une attention à ne pas faire ça, sans pour autant tomber dans une fausse neutralité.
Justement, est-ce que vous pourriez revenir sur votre corpus et quelques énoncés forts qui ont été portés par le journal, lesquels ont été les plus porteurs ou les plus polémiques ? Est-ce que la plèbe, par exemple, ça a été la tentative de retrouver un sujet révolutionnaire ?
Salakis : Je ne dirais pas qu’on partait d’un corpus bien défini. Notre pensée, c’était pas une liste fermée de concepts, les influences étaient relativement diverses et variées. Si on doit parler de l’influence radicale type « Insurrection qui vient », Badiou, Brossat, Agamben, Tiqqun, et Cie, c’est sûr que ça nous a marqués… Après, c’est un courant assez large, qui brasse Foucault, Deleuze, on peut aller chercher jusqu’à Spinoza si on veut. Mais on ne piochait pas que dans ce courant-là, il y avait d’autres influences, de René Char à Os Cangaceros [3].
Markos : Moi par exemple j’avais été, pendant un temps, plus marqué par une approche « lutte des classes »… mais je voyais l’intérêt de faire une publication régulière aussi pour mettre à l’épreuve du réel les concepts et les formes de pensée qu’on avait, les faire vivre. Mine de rien tu as une sorte de grille de lecture du monde qui se forme à force de lire, de penser, et il faut voir si elle est opérante. C’est souvent délicat d’ailleurs, car une telle grille peu rapidement devenir un prisme que tu calques sur chaque situation pour y voir les choses que tu veux voir. « Vous voyez, ça pète, c’est la révolution mondiale qui approche. » Et en même temps je pense qu’on n’a pas d’autres choix, pour comprendre ce qui se passe, que de se doter d’un certain nombre d’outils théoriques. Donc faire un journal ça permettait de garder ces outils en prise avec le réel. Qu’est-ce qu’un hooligan va nous dire sur la réappropriation de la violence, sur l’autodéfense ? C’était vraiment un des trucs qui me motivait dans le journal, par l’écriture régulière sur divers sujets : faire vivre une certaine façon de penser, la mettre à l’épreuve, et ainsi la faire évoluer.
Sotiría : On a brassé certains concepts en travaillant sur le rubriquage du journal. Territoire, Imaginaire, Dispositifs… Dispositif par exemple, ça nous permettait d’avoir une pensée sur le contrôle, ce à quoi on fait face et ce qui nous tient, les modes de gouvernement, de maîtrise et de gestion. L’idée c’est que ça passe par tout un ensemble qui peut être aussi bien des dispositifs techniques comme la vidéosurveillance, que la démocratie ou le vote par exemple. On a parlé dans cette rubrique aussi bien de surveillance informatique que des parcs naturels…
Salakis : En lien avec la volonté de penser les gestes, on voulait donner des billes pratiques sur comment s’affronter à ces dispositifs-là, au réel.
Sotiría : Quand on en parlait, c’était pas sous l’angle victimiste de ce qui nous tombe sur la gueule mais plutôt de comment se défendre en déjouant ces dispositifs.
Markos : Dans les autres rubriques, il y avait « tranche de plèbe », qui n’était pas assumée par tout le monde (ce titre-là). L’idée c’était d’aller rendre compte de vies ou de groupes…
Salakis : … « Des plébards » (rires)
Markos : … d’expériences qui échappent au contrôle, qui échappent à la normalisation du comportement, qui ne sont pas forcément dans des cadres politiques traditionnels.
Béba : Pour répondre sur la plèbe – et c’était quand même dans le sous-titre du journal – on n’avait pas dans l’idée de faire émerger quelque chose comme un nouveau sujet révolutionnaire. On voulait s’adresser à ceux qui se révoltent, mais sans que ce soit forcément accolé à une condition sociale. On s’est jamais dit « la plèbe c’est tel et tel groupe de gens », on le voit comme quelque chose de diffus (on aimait bien le mot « diffus » !), qui peut te traverser, et pas comme une identité. On avait lu ça chez Foucault. Je ne sais pas si on l’emploierait encore comme sous-titre.
Sotiría : Je ne sais pas de quelle manière on est arrivé à rendre ça vivant pour ceux qui lisaient le journal, mais en tout cas dans l’élaboration même, ça a été l’occasion de plus d’une discussion sur ce qu’on entendait par chacun de ces termes. Et pour moi ce travail autour de notre corpus a été ultra-enrichissant.
Il y avait aussi un travail sur la forme, des nouvelles, des fictions, des chansons. En quoi c’était important pour vous, en quoi ça correspondait à un besoin politique, et quels retours vous avez eus ?
Béba : C’est rapidement devenu évident pour nous que le « politique », mais aussi tout simplement nos vies avaient besoin de cette richesse-là. On a essayé avec Rebetiko de pallier le ressenti du manque de fictions et d’imaginaires autour de nous. Parce que l’imaginaire militant, fût-il radical, c’est d’une pauvreté criante. La musique, la danse, les histoires, ça fait pourtant partie de nos vies… Et je crois qu’à l’époque on voulait que ça y devienne plus présent, je veux dire dans nos vies aussi. C’était pas une histoire de « contre-culture radicale ».
Markos : En sortant un journal, on s’est posé la question de l’écriture, des formes, de ce qu’on a envie de faire passer, et comment. On a tenté pas mal de trucs, des pièces de théâtre, les jeux aussi ça faisait partie de cette recherche.
Salakis : Avec les jeux y’a vraiment eu des moments de lecture collective (rires). C’est d’ailleurs remarquable que la plupart des rencontres qu’on a faites c’était plus à propos de textes tirant vers le côté « culturel » plutôt que vers celui strictement « politique ».
Sotiría : Au-delà du fait qu’il y a eu des rencontres enrichissantes, ce qui me marque c’est que ce sont des histoires qui ont perduré. On continue de faire des choses avec beaucoup des gens qu’on a rencontrés et mis à contribution pour le journal. Ça a créé des liens solides.
Est-ce que vous aviez été influencé par des journaux, des publications ? Est-ce qu’il y a des choses qui vous ont inspirées ? Est-ce que vous aviez l’impression de vous inscrire dans une certaine tradition, dans la décennie ou même avant ?
Béba : En tout cas, c’est assez rare qu’on ait fait référence entre nous à tel ou tel journal pour prendre exemple, sauf pour la mise en page.
Sotiría : Moi je me suis quand même mise à lire la presse « militante » à cette période-là, je ne le faisais pas trop avant. Y’a eu la découverte d’Article11, de Z , et je me suis même tapée tous les journaux anars qui étaient particulièrement mal léchés…
Béba : Y’avait quand même les brèves du désordre de Cette Semaine  [4], qui nous plaisaient pas mal. Après je ne crois pas qu’on se sentait vraiment héritiers de quelque chose, dans notre tête, on était un peu « génération spontanée ». C’est un peu présomptueux (rires). Mais en fait c’est juste qu’on n’avait pas cette culture, ces lectures-là. Après le premier numéro, comme on tripait sur les années 70 en Italie, on était quand même allés feuilleter les archives de Rosso  [5]. Mais on n’a pas du tout fait pareil… Les brèves du Canard enchaîné aussi, pour trouver des bons titres !
Markos : Pour moi, même si c’était pas directement une source d’inspiration, je tripais et je tripe encore sur les journaux du temps où c’était le média principal, genre La Guerre Sociale, Le Père Peinard… Dans ma découverte des trucs politiques, ça m’a pas mal marqué, donc il y avait ça en toile de fond. C’est aussi pour ça que je suis attaché à la forme journal, papier.
Par rapport à d’autres revues politiques, il y a quand même dans Rebetiko une espèce de focalisation sur une « politique du geste ». Néanmoins quand on fait une publication de ce type, c’est qu’on estime que les gestes ne se suffisent pas à eux-mêmes. Sortir Rebetiko, vous le voyiez comme un geste plus que comme la production d’écrits explicatifs ?
Béba : Ce qui est très paradoxal, c’est que c’est justement maintenant que nous avons des réflexions plus… comment dire… justes, sur les rapports entre le geste et l’énonciation. Je me rappelle que dans ce numéro on parlait du geste comme « les volets de cristal tirés sur la communication ». C’est du René Char, bien sûr, il était dans tous les numéros ! On semblait dire finalement que le geste était à la fois le moyen et la fin, qu’il se suffisait à lui-même en quelque sorte. Et pourtant on faisait un journal pour les relayer, ces gestes… Tu vois le paradoxe, là ? Et ben ce paradoxe, c’est celui de la « propagande par le fait », qui prétend tout dire par son geste, mais dont le sens réside le plus souvent dans les mots qui l’accompagnent, qui le suivent. D’où les communiqués, etc.
Salakis : Ce qui est encore plus paradoxal, c’est de se focaliser sur le geste et de laisser sa diffusion, et donc son sens, à d’autres, rarement des amis. Rebetiko, dans ce contexte proposait des mots-amis aux gestes-amis… Et nous prétendions cela parce que nous pensions le journal lui-même comme un geste. Distribuer une dizaine de milliers d’exemplaires, avec un contenu incendiaire, sur un camp militant ou une manif. Ça a de l’effet. Si on n’est pas complètement à côté de la plaque, ça agit, sur ce qui est en train de se passer. L’exemple le plus fameux étant cette pharmacie à Strasbourg (rires)…
Markos : Je t’explique. Dans le numéro qu’on sort juste avant le contre-sommet de Strasbourg  [6], et qu’on distribue là-bas à 10.000 exemplaires, y’a un article qui parle des cibles potentielles, et qui dit que ça ne se limite pas à l’armée, que tout est lié, supermarché, commissariat, pharmacie. Je sais plus comment est arrivé cet exemple de la pharmacie – pourtant c’est moi qui avais écrit l’article – c’était un peu improbable comme cible. Toujours est-il que dans le petit centre commercial qui a fait les frais du passage de la manif, y’a une pharmacie qui a cramé. C’est devenu un peu une blague entre nous sur l’à-propos du journal dans la situation !
Salakis : Pour moi c’est le principal intérêt d’un journal d’actualité révolutionnaire ! On se disait que de cette matière, on emportait nos pensées et celles de pleins d’autres dans toutes les situations où nous intervenions, dans nos villes, lors de nos voyages. Le numéro de l’été 2009 sur la fête et les festivités, on l’a diffusé dans tout un tas de festivals. Celui où il y avait les bergers d’Aspe s’est retrouvé dans tout un tas de cabanes pendant les estives.
Ça vient peut-être de ce qu’on ne croit ni aux vertus de la critique ou de la théorie isolée, déconnectée du monde, ni au beau geste qui parlerait de lui-même, universellement. Donc qu’était Rebetiko  ? On voulait que ce soit un geste au milieu d’autres, un geste-mots, un geste-idée qui se balade au milieu des manifs, des actions, des émeutes, mais aussi dans des bals, des cantines, des stages d’herboristerie. Il y avait comme une recherche d’alchimie, à un niveau politique. Alors parfois, trop rarement, nous trouvions un point de fusion entre les actes et les énoncés. Et c’est peut-être ça un journal révolutionnaire…
Béba : Non ! Un « geste » révolutionnaire (rires)…
Ça ne doit pas être évident de faire coller, dans chaque numéro, des gestes et des énoncés à une situation. Il y a aussi des moments de creux, non ?
Markos : C’est vrai qu’il y avait des moments où c’était plus poussif d’évaluer le contexte. Mais on n’avait pas envie non plus de dépendre que de l’actualité pour sortir un journal. C’est arrivé qu’on se raccroche à quelque chose sans avoir de prises dessus, comme le débat sur l’identité nationale, et au final j’ai l’impression que ça a fait un peu partie des raisons qui ont fait qu’on s’est lassé de faire le journal. Même si pour moi c’est aussi important qu’il puisse y avoir des publications qui sortent à n’importe quel moment, avec un rythme indépendant des événements. Mais c’est presque une autre fonction du journal.
Sotiría : Pour moi les articles en situation c’est ceux qu’on a le plus portés, alors que par exemple les brèves, c’est là où il y avait le plus de décalage. Tout au long de l’histoire de ce journal, je me suis sentie en décalage avec ce que faisaient apparaître les brèves. On les reprenait dans la presse et elles donnaient une impression poussive de la réalité qu’on avait envie de voir jaillir de l’actualité. Et elles donnaient une coloration radicale malgré l’humour ; on aurait peut-être dû le pousser plus.
Markos : On est allé loin pourtant ! (rires)
Salakis : Il y avait un partage au sein de chaque numéro qui venait de la manière dont on fabriquait le journal : un ou deux numéros en avance on allait voir des gens sachant qu’ils s’intéressaient à ceci ou à cela pour qu’ils écrivent dessus, du coup on avait un bloc de textes qui faisaient quasiment la moitié du journal à chaque fois, qui étaient des textes travaillés et plutôt longs qui auraient pu sortir n’importe quand… Une sorte de dossier, si tu veux. Ensuite, juste avant le bouclage, on se retrouvait à travailler des textes beaucoup plus d’actualité sur ce qu’on pensait qui allait se passer le mois suivant, quand le journal allait être distribué. Ou, également, des retours et des analyses sur des trucs qui venaient de se passer, comme la manifestation contre la taule à Poitiers par exemple.
Béba : Disons qu’on dépendait pas vraiment de l’actualité, mais en même temps on ne serait pas allé passer deux semaines dans les Pyrénées pour rencontrer des bergers s’il n’y avait eu une situation politiquement forte qui se jouait en même temps.
Tout à l’heure vous parliez de porter des mots et des hypothèses dans des situations que vous viviez. Ce n’est pas un peu en contradiction avec l’anonymat que vous aviez choisi ?
Béba : Complètement. C’est un des gros écueils qu’on a eus. Ça nous arrivait dans des manifs quand les flics filmaient, de distribuer le journal avec une perruque et des lunettes de soleil. Je crois que ça avait fini par créer une sorte de figure. Un jour un type d’un autre journal qu’on avait rencontré nous sort : « Ah oui ! vous vous êtes des vrais, vous imprimez dans des caves avec des ronéos. » Cette image de la semi-clandestinité, ça rigidifie sacrément ce que tu fais, ça donne une espèce d’aura qu’on n’avait pas forcément voulu avoir.
Sotiría : L’absence de retour c’était un gros manque, vraiment. Ce qui sûrement n’a pas aidé, c’était le fait de ne pas pouvoir faire de lectures et de présentations publiques du journal, des discussions avec des gens que ce journal-là interpellait. La manière dont on s’était emmanché dans cette histoire, l’anonymat, ne permettait pas de faire des rencontres faciles qui auraient contribué à rendre vivante cette histoire-là et la poursuivre. Publier des textes c’est pas juste les donner de la main à la main et disparaître, faut pouvoir parfois les porter, surtout quand tu les penses pour une situation précise. C’est ça qui a manqué. Mais quand t’as commencé d’une manière, si tu changes en cours de route, c’est encore plus absurde.
Markos : Quand même, comme on disait, il y a eu des gens qu’on a rencontrés parce qu’ils nous avaient écrit et qu’on trouvait chouette leur texte.
Béba : Mais c’était pas pareil qu’un premier contact dans la rue, c’est pas pareil que quand on te dit : « tiens, c’est quoi votre journal, de quoi vous parlez, etc. ? » Ce ne sont pas les mêmes rencontres, ni la même quantité de rencontres.
Peut-être pourriez-vous dire aussi ce que l’anonymat a permis, je pense notamment en termes de choix éditoriaux ?
Markos : Je sais même pas si on s’en rend compte.
Sotiría : Si, quand même : quand on s’est dit qu’il y avait des gestes, des trucs d’action directe, qui devaient être relayés et qui étaient peu ou pas sortis dans la presse, on s’est jamais posé la question de savoir si on pouvait le faire ou pas pour des questions de sécurité ; ça a quand même servi à ça.
Markos : Et c’est effectivement issu d’une période où il y avait tout ce foin autour de L’insurrection qui vient, des « théoriciens », on partait du principe que la police politique pouvait s’intéresser aux gens qui sortaient ce genre de trucs, et on n’avait pas envie qu’elle s’intéresse à nous… Ça justifiait en grande partie le choix qu’on a fait de l’anonymat.
Salakis : Ça s’expliquait aussi par le fait qu’on avait d’autres activités « répréhensibles » que de sortir ce journal ! Il était clair que ce journal n’aurait pas pu être écrit par des gens qui ne faisaient que gratter du papier.
Je pense que si t’étais flic t’avais effectivement envie d’aller voir qui il y avait derrière quand même…
Markos : Il faut dire que nous étions un peu paranos, les exemplaires envoyés par la poste étaient par exemple tous pliés avec des gants. Bon, faut préciser aussi qu’on se débrouillait pour ne rien payer en termes d’affranchissement… Ensuite au niveau informatique on était blindé. Du coup, et c’est tant mieux, il n’y a jamais rien eu qui nous ait laissé entendre qu’il y avait une surveillance. Sur l’épisode de la soule  [7] pendant le festival d’Aurillac, qui était explicitement appelée par le journal pour y foutre un peu le bordel, il semblerait qu’ils soient passés à côté. Les deux flics en civils locaux qui avaient fini par se pointer sur place étaient complètement largués, alors que, bon, c’était quand même organisé pour débouler à plusieurs dizaines pour secouer les flux de festivaliers dans le centre-ville, ce qui a plus ou moins marché…
Salakis : Y’avait autre chose encore, c’est que Rebetiko recoupait d’autres liens politiques, et que, autant sur la criminalisation des écrits on s’est rapidement rendu compte qu’il y avait peu de risques, autant sur la criminalisation des réseaux et des liens politiques un peu radicaux, là y’avait vraiment une surveillance.
Markos : Quand on voit dans le procès de la dépanneuse à Paris  [8] l’importance qu’ils donnent à Indymedia… alors que pourtant si tu lis un minimum ce qu’il y a sur le site, avec son côté fourre-tout, c’est pas évident d’en faire l’outil central d’un mouvement… Donc quand tu sais qu’ils peuvent faire ça pour Indymedia Paris, tu te dis que pour Rebetiko il faut faire un minimum attention.
Mais il n’y avait pas que la distribution en perruque comme méthode de diffusion ?
Béba : C’était erratique, comme le disait l’édito.
Salakis : Par exemple moi j’ai encore rencontré récemment quelqu’un qui trouvait Rebetiko dans une grande ville à la place des gratuits, dans le métro. Visiblement des gens qu’on ne connaissait même pas de loin enlevaient les parutions gratuites publicitaires et les remplaçaient par Rebetiko. Y’en avait dans les Lavomatics à certains endroits, ça traînait dans les facs…
Markos : Le fait que ce soit gratuit ça aidait bien. On se mettait au niveau des 20 minutes et Cie. Ça me tenait beaucoup à cœur que ce journal puisse être déposé partout sans trop compter, même si y’a un côté un peu décourageant parfois, après y avoir mis quand même pas mal d’énergie, de voir finir des exemplaires pas encore lus en cornets de frites. Après, dans l’idéal, je pense qu’un journal ça devrait être distribué comme ça.
Béba : Y’a eu des trucs magiques quand même : une fois je distribuais Rebetiko dans la rue pendant un festival, et d’un coup y’a un type qui vient me demander si je fais partie du journal. Un peu méfiante, je lui dis : « Non, on m’a donné une pile, moi je distribue juste. » Et le type me dit : « C’est marrant, je le distribue aussi, j’en ai ramené de ma ville où j’en ai trouvé une pile… On devrait chercher qui c’est ces gens quand même… »
Markos : Si ça se trouve lui aussi il écrivait dedans (rires) !
Salakis : Et les endroits où on le distribuait régulièrement, comme dans notre petite ville de province, ça marchait vraiment bien : on en mettait 200 dans les bars de la ville, et quelques semaines après y’en avait plus qu’un ou deux. Les endroits où on mettait une caisse, y’avait vraiment du fric qui rentrait.
Béba  : Par exemple dans une ville où il était diffusé dans une boutique de piercing, y’a eu le milieu « techno-piercing » qui lisait Rebetiko, et qui trouvait ça cool [rires]. On a été les voir, ils n’étaient pas du tout dans des trucs politiques… Vu que ça ne venait d’aucun endroit connu, les gens tissaient leurs propres liens avec.
Sotiría : Ce qu’on a aussi fait pas mal de fois, c’est de passer voir les abonnés en allant directement chez eux à l’improviste, et des fois c’était assez cocasse, parce que les gens les plus proches, dans les milieux radicaux, ils nous envoyaient pas leur adresse pour recevoir le journal, forcément ils paranoyaient de se retrouver sur une liste « lecteurs de Rebetiko  ». Donc des fois on était vraiment étonné par la… disons, la sociologie de nos abonnés, et les raisons pour lesquelles ils kiffaient le journal…
Markos : Après, ce qui était dur, c’est que les meilleurs canaux de diffusion c’étaient les plus improbables, mais que du coup on ne pouvait pas trop s’appuyer sur les réseaux existants, parce que, je sais pas, autour de moi par exemple y’a déjà plein de trucs à faire passer, mille machins dans l’infokiosque… Je sais pas comment on aurait pu faire pour systématiser un peu la diffusion. Mais en général la diffusion alternative en France, c’est un sacré no man’s land.
Salakis : On a dû partir de zéro. Au fur et à mesure de la diffusion, avec le système d’abonnement gratuit, qui, à la fin, devenait vraiment important, ça nous a permis de rencontrer d’autres gens, d’élargir l’aire de diffusion, qui était plus forcément celle des milieux radicaux. Des fois, on envoyait cent journaux dans un bled de 8.000 habitants. C’est l’occasion d’ailleurs je crois : on salue tous ceux qui ont aidé à cette diffusion et qu’on a jamais pu rencontrer. À partir de rien – ou pas grand-chose – on a dû créer une sorte de réseau de diffusion. On est allé voir les bars, les librairies, des fois les boutiques, pour laisser des piles et les lieux plus « militants » où il y avait du passage. Puis les abonnés en distribuaient aussi. De fil en aiguille, ça s’est étoffé, les gens qui aimaient bien se servaient dans les lieux où le journal était disponible et ils en refilaient quelques-uns. On s’est bien sûr appuyé sur les potes qu’on connaissait pour pas que le journal soit juste présent dans nos villes à nous. Et, chose dont nous étions particulièrement fiers, on en trouvait dans les bleds de cambrousse les plus reculés, jusqu’au fin fond du Pas de Calais…
Markos : et pas du tout à Paris ! (rires)
Justement à propos de la forme proprement dite, il y a une évolution notable au cours des dix numéros ?
Béba  : Oui, c’est sûr qu’on partait tous de très loin, on n’est ni des théoriciens, ni des journalistes, ni des infographistes. Ce journal ça a été un formidable processus d’apprentissage, tout le monde ou presque est passé par InDesign, Photoshop, tout le monde est allé imprimer, est allé chercher de la thune pour financer. Et sur la fin des qui n’écrivaient jamais se mettaient à écrire. D’autres qui s’en foutaient des photos se penchaient sérieusement dessus. De toute façon on n’a pas eu le choix ; des gens nous ont bien aidés au début, mais à un moment on n’allait pas toujours demander pour détourer un objet dans une photo, il fallait que le groupe de rédaction un peu régulier soit en mesure de s’occuper au moins potentiellement du truc de A à Z.
Sotiría : Mais le fait de ne pas être spécialistes, ça a quand même valu de belles crises de nerfs à des moments ! Une chose importante, c’est que ça s’est fait en faisant, comme on dit. On s’est jeté dans la publication sans attendre d’avoir au préalable la forme idéale. C’est au fur et à mesure que ça s’est affiné, en testant, en se mouillant là-dedans. On trouvait absurde d’attendre la forme parfaite qui ne serait sans doute jamais venue, avant de commencer.
Salakis : On se mettait quand même la pression, fallait que ça envoie. Le numéro zéro, il a été fait en une semaine, on voulait absolument le distribuer lors d’une grande manif qui avait lieu fin janvier 2009. On se fixait des échéances qu’on dépassait très rarement parce qu’il y avait cette exigence de vouloir distribuer à un moment « t ». Le côté « geste » quoi. C’était un peu de la production à marche forcée parfois, un numéro tous les trois mois, du choix des thèmes à l’impression, pour des néophytes, c’est un rythme hardcore. Du coup ,au bout d’un temps, tu te dis : « Tiens, les objectifs de ce journal est-ce qu’ils sont toujours prioritaires ? ». En plus ça coûtait quand même pas mal de pognon…
Markos : Après pour l’argent, on en avait trouvé, il reste même encore des fonds. D’autant plus qu’une bonne partie des gens à qui c’était envoyé nous ont proposé d’aider et qu’on n’a jamais pu dire oui, parce qu’on voulait pas laisser de traces donc a fortiori d’adresses physiques ou de comptes en banque.
Béba  : Je voulais quand même rajouter que c’est la première fois que je voyais un groupe fonctionner comme ça ; on arrivait à discuter à une dizaine sans qu’il y ait des sales dispositifs, sans qu’il y ait de prises de pouvoir, et sans qu’il y ait de déséquilibre entre les mecs et les nanas. On est toujours arrivé à s’écouter, à avancer. Tu vois le truc trop chiant des collectifs, où rien n’est jamais acté, où, à chaque discussion, t’as l’impression que tu dois repartir de zéro, qu’il n’y a pas de mémoire collective, pas d’apprentissage ensemble, pas d’expérience, quoi ? Ben ça a été tout le contraire. Alors souvent les groupes te disent : « Bon, on a échoué, mais on a appris des choses. » Là on le dit pas comme un pis-aller, ce qu’on a vécu ensemble, c’est vraiment quelque chose d’important et de… euh, rare. Ouais.

[1] Les affaires liées aux luttes contre les prisons ou en soutien aux sans-papiers, champs d’action supposés de la mouvance anarcho-autonome, doivent être systématiquement signalées au parquet anti-terroriste.

[2] Landou, chansonnier des Monts de Lacaune, sujet d’un article dans le numéro 3.

[3] Respectivement : poète surréaliste puis résistant ; et groupe autonome des années 80/90.

[4] Parution anarchiste irrégulière, tout au long des années 2000.

[5] Un des journaux de l’autonomie italienne dans les années 70.

[6] Rassemblement à Strasbourg le 4 avril 2009 et les jours précédent pour s’opposer à la tenue dans cette ville d’un sommet de l’OTAN.

[7] Une sorte de rugby sans règles.

[8] Procès de 6 personnes poursuivies notamment pour l’incendie d’une dépanneuse de police, sous régime antiterroriste. Cf. les brochures « Mauvaises intentions », facilement disponibles sur internet, qui retracent et analysent l’affaire. Lors de l’audience, l’usage du site d’info participatif indymedia a été mis en avant par l’accusation comme preuve de l’existence d’une organisation constituée.

Est-il encore possible, dans les années 2000, de considérer l’écriture comme un geste offensif ? À l’heure où Guy Debord est à la BNF, et alors que cela fait trente ans que le champ du scandale littéraire a fini d’être balisé pour n’être arpenté que par (...)

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Cet abécédaire du Pays basque insoumis a été rédigé en vue du contre-sommet du G7 qui se tiendra en août 2019 à Biarritz. Il a été pensé comme une première rencontre avec un territoire et ses habitants. Car le Pays basque n’est ni la France au nord, ni l’Espagne au sud, ou du moins il n’est pas que l’Espagne ou la France. On s’aperçoit en l’arpentant qu’y palpite un monde autre, déroutant : le monde en interstices d’un peuple qui se bat pour l’indépendance de son territoire. Borroka, c’est la lutte, le combat, qui fait d’Euskadi une terre en partie étrangère à nos grilles d’analyse françaises. C’est de ce peuple insoumis et de sa culture dont il sera question dans cet ouvrage.
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