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Trouver une occupation

Toulouse, université du Mirail, 2003

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Le Chœur ion du texte
présentation du texte  

Si l’on chausse pour un temps les lunettes et les gros sabots de l’économiste, les études universitaires se révèlent avoir pour principale vocation de faire baisser le chiffre du chômage, en retardant l’arrivée des bacheliers sur le marché de l’emploi moyennement qualifié. Sur le plan existentiel, ce temps, suspendu pour quelques années hors de portée des dispositifs de capture que sont les identités d’enfants/adolescents et de travailleurs, est souvent vécu comme le temps de la liberté ; liberté dont la rançon est, outre une relative précarité économique, la promesse secrète mais ferme que tout cela devra bien finir un jour.

Derrière l’apparente diversité des formes de vie qu’elle autorise (on peut être tout aussi bien artiste, sportif, militant d’extrême-gauche, chef d’entreprise dans une start-up, héroïnomane, etc.), la condition étudiante se caractérise toujours par une certaine volatilité. Inconsistance autant que disposition au bouleversement, elle est plus que toute autre condition sociale à la fois point de commencement et limite immédiate d’un devenir révolutionnaire.

Les récits qui suivent, qui content à deux voix une histoire continue, exposent combien le dépassement de cette condition se présente d’abord comme une nécessité quand il s’agit de ne pas laisser retomber un mouvement, puis comme une difficulté quand il s’agit de le prolonger par une expérience de squat politique, avec quelques beaux principes pour seuls bagages.

Désertion Trajectoires I - 1999-2003 – Savoir-faire Fêtes sauvages Trajectoire II - 2003-2007 – La folle du logis Habiter Trajectoires III - 2007-2010 Hackers vaillants Intervenir Trajectoires IV - 2010-2013 S’organiser sans organisations

Désertion

  • Incipit vita nova
  • Odyssée post-CPE
  • Y connaissait degun, le Parisien
  • Fugues mineures en ZAD majeure
  • Mots d’absence
  • Tant qu’il y aura de l’argent

Trajectoires I - 1999-2003 – L’antimondialisation

  • Millau-Larzac : les coulisses de l’altermondialisme
  • Genova 2001 - prises de vues
  • Les points sur la police I
  • Les pieds dans la Moqata
  • OGM et société industrielle

Savoir-faire

  • Mano Verda - Les mains dans la terre
    • Les pieds dans les pommes
    • Agrisquats – ZAD et Dijon
    • Cueillettes, avec ou sans philtres
      • Récoltes sauvages
      • Correspondance autour des plantes et du soin
      • Des âmes damnées
  • Interlude
  • Devenirs constructeurs
    • Construction-barricades-occupation
      • 15 ans de barricadage de portes de squats
      • Hôtel de 4 étages VS électricien sans diplôme d’État
      • Réoccupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
    • Constructions pérennes–installations agricoles
    • Maîtrise technique
      • Chantiers collectifs
      • Apprentissage et transmission du savoir
      • Outils et fabrique
    • Gestes et imaginaire

Fêtes sauvages

  • Prélude
  • Faire la fête
    • Entretien avec M. Carnaval, M. Free et Mme Party
    • Communautés des fêtes
      • Suite de l’entretien avec M. Carnaval, M. Free et Mme Party
      • Carte postale : Italie – La scherma
  • Éruption des fêtes sauvages
    • La fête prend le terrain : un jeu avec les autorités
      • Carnaval de quartier
      • Une Boum de gangsters
      • Compétition d’apéros géants 2009-2011
    • La fête garde la main : s’affirmer, revendiquer, s’imposer
      • Free Parties : génération 2000
      • Les karnavals des sons
      • Carnaval de la Plaine
    • La finalité des fêtes
      • Street parties : Making party a threat again…
      • Carte postale : La Guelaguetza d’Oaxaca
  • Le sens de la fête
    • Fêtes et créations d’imaginaires
      • L’imaginaire des nuits du 4 août 2011
      • Vive les sauvages !
    • Quand l’imaginaire devient tradition, coutume, culture
    • Jusqu’au bout de la fête
      • Le Banquet des nuits du 4 août
      • Ivresse, transe et Petassou

Trajectoire II - 2003-2007 – Emportés par la fougue

  • Trouver une occupation
  • Un Centre Social Ouvert et Autogéré
  • CPE, le temps des bandes
  • Les points sur la police II

La folle du logis

  • Prélude
  • Retour vers le futur
  • Mythes de luttes
    • Entretien de Wu Ming 5 et Wu Ming 2
    • Intervento
  • Figures, héros et traditions
    • Lettre à V pour Vendetta
    • Survivance
    • Entretien avec La Talvera
  • Fictions politiques

Habiter

  • Les 400 couverts à Grenoble
    • La traverse squattée des 400 couverts
    • Le parc Paul Mistral
  • Vivre en collectif sur le plateau de Millevaches
  • Nouvelles frontières
  • Matériaux pour habiter

Trajectoires III - 2007-2010 – C’est la guerre

  • la France d’après… on la brûle
  • Serial sabotages
  • Fatal bouzouki
  • La caisse qu’on attend…
  • Les points sur la police III

Hackers vaillants

  • Lost in ze web
  • Ordre de numérisation générale
  • pRiNT : des ateliers d’informatique squattés
  • Et avec ça, qu’est-ce qu’on vous sert ?
    • imc-tech
    • Serveurs autonomes
  • Logiciels libres
    • Nocturnes des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre
    • Logiciels : de l’adaptation à la production
    • Et si le monde du logiciel libre prenait parti ?
  • Hackers et offensive
    • Entretien avec sub
    • Pratiques informatiques « offensives »
  • Post scriptum
  • Chronologie

Intervenir

  • Prélude
  • Le marteau sans maître
  • Énonciation et diffusion
  • Féminismes, autonomies, intersections
  • Ancrages - Les Tanneries, 1997 - 20..
  • Rencontres avec le monde ouvrier
    • Une hypothèse
    • Aux portes de l’usine
  • Mouvements sociaux
  • Composition - indignados et mouvement du 15M

Trajectoires IV - 2010-2013

  • Charivaris contre la vidéosurveillance
  • Hôtel-refuge
  • A sarà düra Voyage en Val Susa
    • Récit de voyageurs lost in translation…
    • La vallée qui résiste
  • Les points sur la police IV
  • Une brèche ouverte à Notre-Dame-des-Landes

S’organiser sans organisations

  • Extrait d’une lettre de G., ex-syndicaliste
  • Solidarités radicales en galère de logement
  • Une histoire du réseau Sans-Titre
  • Un coup à plusieurs bandes
  • Les assemblées du plateau de Millevaches
  • S’organiser dans les mouvements barcelonais

Les portes battantes se sont ouvertes bruyamment, et nous nous répandons désormais en grappes compactes dans les larges coursives. Un architecte de l’après-guerre les avait conçues, nous dit-on, pour protéger les étudiants algériens des rayons du soleil. Elles furent finalement construites ici, nous gratifiant d’un nombre incalculable de fuites d’eau. Larges d’une dizaine de mètres, couvertes, elles résonnent en ce début de soirée hivernale de la belle rythmique du blocage. Les appels en provenance de l’amphithéâtre nous invitant à revenir donner un terme formel à l’assemblée sont recouverts par les grincements du mobilier qui partout commence à être déménagé. Il fait nuit, il pleut sans doute. À la lueur intemporelle des néons, nous progressons, prenant rapidement possession des UFR déserts. La réquisition des tables et des chaises pour nourrir les barricades se double d’une véritable exploration. Nous visitons chaque bloc, chaque couloir ; quand une porte nous résiste, nous montons sur les toits plats des coursives et forçons facilement une fenêtre de la salle ou du bureau, suscitant l’étonnement d’enseignants-chercheurs attardés.

C’est une ville dans la ville, 30.000 étudiants inscrits environ, un immense terrain de jeu autant qu’un terrain de lutte, loin du centre-ville, entouré par les plus grandes cités de l’agglomération. Il y a quelques jours encore, beaucoup d’entre nous s’y perdaient en cherchant leurs cours, ne connaissant que leur bâtiment, aller-retour en métro et puis c’est tout. Ce soir, nous nous approprions les lieux, tout ou presque nous est accessible. De partout l’ameublement fuit des salles, il en vient tant et tant que certaines barricades destinées initialement à bloquer les différentes entrées enflent démesurément. L’une d’elles, haute du sol au plafond, s’allonge tellement qu’elle finit par emplir tout un couloir de 50 mètres, immense parallélépipède enchevêtré qui deviendra la fierté et le symbole de l’occupation. Plus tard, un immense code-barres y sera accroché. Il fallait tout modifier, tout changer et que cela se voie. Nous dormons pour la plupart dans les bureaux de la présidence, salle cosy avec moquette et fauteuils confortables que nous avions occupée pour organiser la lutte. S’y tiennent les réunions du comité, une cantine et toute chose utile aux occupants. Ceux qui le soir cherchent un peu d’intimité partent sur les toits et ouvrent un bureau à leur convenance dans un ballet de couples qui se font et se défont, si typique de la communauté étudiante.

Je venais de rejoindre Toulouse, c’était l’automne 2002. Les études étaient encore pour moi une chose vertueuse qu’il fallait saisir avec l’assiduité d’un travail et qui s’enrichissaient réciproquement d’une activité militante rationnelle et réfléchie. Je répétais donc, malgré la joie évidente de l’occupation, le discours d’abnégation porté par l’immense majorité des étudiants en lutte : « Prêt à risquer son année pour sauver l’université ! » Ça ne tenait pas une seconde bien sûr, d’abord parce qu’on ne risquait pas réellement notre année, ensuite parce que quand bien même l’eussions-nous perdue, cela ne constituait pas une mise en risque à la hauteur de nos discours… Mais cela produisait son petit effet de culpabilité sur nos semblables moins engagés dans le mouvement et qu’il fallait convaincre. Franchement, ça ne mangeait pas de pain. Néanmoins, c’était peut-être moins artificiel que d’affirmer péremptoirement, comme nous le fîmes plus tard, les vertus révolutionnaires que l’occupation ne manquerait d’insuffler à nos vies en bouleversant leur rythme quotidien. Ce bouleversement, s’il reste une forte possibilité dans ces moments-là, n’est en rien systématique. Et en affirmer la venue a priori tend à en minimiser la possibilité, tant la faculté à se laisser surprendre joue un rôle central dans ce type de bouleversement.

L’agitation dura toute l’année. Déjà, une semaine après la rentrée de septembre, les pions, dont on venait de supprimer le statut, s’étaient mis en grève. Notre blocage n’avait commencé qu’un mois plus tard. Puis, en janvier, au moment où notre mouvement perdait de la vitesse (l’occupation s’était quand même, et c’est notable, maintenue pendant les vacances de Noël) c’est le reste du monde de l’éducation qui entra en grève contre la réforme des retraites. L’université à nouveau fut mise à l’arrêt par le personnel et les étudiants, et ce jusqu’à la fin de l’année universitaire. Si bien que je n’ai guère de souvenir de cours cette année-là… La présidence n’eut finalement pas d’autres moyens pour tenir les partiels de juin que de louer le centre des congrès sur une île de la Garonne. Tout en promettant aux grévistes qu’ils pourraient aussi, s’ils le voulaient, passer cette première session de partiels en septembre. Nos modes de protestation contre ces partiels délocalisés furent aussi désuets que ceux destinés, quelques semaines plus tard, à empêcher la tenue du baccalauréat : des manifestations sans blocage des examens… Nous touchions là à une limite des mouvements de corporation : la difficulté à détruire le fruit, donc le sens même de son travail – en l’occurrence, pour les enseignants, une année de préparation des élèves au passage de l’examen. En nous mûrissait la certitude que nous ne pourrions aller au bout d’un tel mouvement qu’en nous détachant de notre condition elle-même, en brisant l’attachement à la logique étudiante et à sa cohorte de diplômes. Nous allions mettre un an à franchir ce pas…

Si l’on chausse pour un temps les lunettes et les gros sabots de l’économiste, les études universitaires se révèlent avoir pour principale vocation de faire baisser le chiffre du chômage, en retardant l’arrivée des bacheliers sur le marché de l’emploi (...)

À voir

Un Centre Social Ouvert et Autogéré

Ivresse, transe et Petassou

Donner, c’est perdre, bousiller, sans image économique. C’est jouer passionnément sa dénégation (...)

Un Centre Social Ouvert et Autogéré

Si l’on chausse pour un temps les lunettes et les gros sabots de l’économiste, les études (...)

Témoignages

imc-tech
infrastructure technique des indymedia centers
Récoltes sauvages
Intervento
Sur la route avec l’autonomie italienne

2003

Les karnavals des sons
À la recherche de formes hybrides entre la teuf et la manif
Vivre en collectif sur le plateau de Millevaches
Entretien avec des habitants des Salsoux (Plateau de Millevaches)
imc-tech
infrastructure technique des indymedia centers

Constellations

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AGENDA
De nouvelles dates à venir bientôt.
CONSTELLATIONS

Borroka ! Désormais disponible en librairie


Cet abécédaire du Pays basque insoumis a été rédigé en vue du contre-sommet du G7 qui se tiendra en août 2019 à Biarritz. Il a été pensé comme une première rencontre avec un territoire et ses habitants. Car le Pays basque n’est ni la France au nord, ni l’Espagne au sud, ou du moins il n’est pas que l’Espagne ou la France. On s’aperçoit en l’arpentant qu’y palpite un monde autre, déroutant : le monde en interstices d’un peuple qui se bat pour l’indépendance de son territoire. Borroka, c’est la lutte, le combat, qui fait d’Euskadi une terre en partie étrangère à nos grilles d’analyse françaises. C’est de ce peuple insoumis et de sa culture dont il sera question dans cet ouvrage.
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