Constellations

le site du collectif mauvaise troupe
Constellations, le livre Contrées - zad & No TAV Défendre la zad Saisons
Désertion Trajectoires I - 1999-2003 – Savoir-faire Fêtes sauvages Trajectoire II - 2003-2007 – La folle du logis Habiter Trajectoires III - 2007-2010 Hackers vaillants Intervenir Trajectoires IV - 2010-2013 S’organiser sans organisations
Accueil > Constellations, le livre > Fêtes sauvages > Le sens de la fête > Fêtes et créations d’imaginaires > Vive les sauvages !

Vive les sauvages !

Une lettre des « désorganisateurs » du carnaval des enfants sauvages (Saint-Affrique)

Parcourir le sommaire de "Fêtes sauvages" ainsi que tout le livre.

Le Chœur ion du texte
présentation du texte  

C’est une aventure hors des régions balisées de notre quotidien,
on est dans l’excès de créativité, dans le délire collectif.
Jean Duvignaud

les noceurs de la cambrousse : Ce n’est pas parce qu’on se refuse à donner un but ou une finalité aux fêtes qu’on se refuse à leur donner du sens, bien au contraire. Le désœuvrement qui couve dans les festivités conventionnelles de la jeunesse occidentale ne peut même plus nous divertir. Alors du sens oui, mais lequel, lesquels ? Qu’est-ce qui nous serait important de fêter ?
Quelques images de fêtes du passé nous sont revenues en mémoire : des paysans à la fin des moissons, à la Saint-Jean, un peuple en armes dansant dans les rues pour la « Libération »… Des images aujourd’hui figées dans des cérémonies, folkloriques pour les premières, commémoratives pour les secondes. L’absence de sens dans nos fêtes nous semble directement en lien avec l’absence d’expériences communément partagées. C’est une banalité, mais en gros les fêtes ont la qualité de ce que vivent ensemble ceux qui y participent. Si on prend les fêtes du Bac par exemple, c’est frappant. Alors qu’on vient de passer la même épreuve, qu’on a le même âge, qu’on a vécu toute une année dans le même établissement, finalement que fait la promo ? Une sortie en boîte, un repas à la pizzeria, comme les autres classes, comme tous les week-ends. Alors avec le temps, au lieu de se lamenter sur ce désert, on a un peu décalé la question, on s’est dit que donner du sens à une fête, dans notre situation, ça pourrait commencer par lui donner un élan créatif plutôt qu’un rite et un sens fini. Nous sommes donc partis à la recherche de bribes, d’images qui à la fois seraient fortes, et en même temps laisseraient suffisamment de latitude pour construire autour un monde à partager avec tous les participants. Une sorte de micro-imaginaire depuis lequel réinventer et ré-enchanter nos existences. Ensuite, advienne que pourra, car le but du jeu, dans la création, n’est-il pas justement de se laisser surprendre ?

Désertion Trajectoires I - 1999-2003 – Savoir-faire Fêtes sauvages Trajectoire II - 2003-2007 – La folle du logis Habiter Trajectoires III - 2007-2010 Hackers vaillants Intervenir Trajectoires IV - 2010-2013 S’organiser sans organisations

Désertion

  • Incipit vita nova
  • Odyssée post-CPE
  • Y connaissait degun, le Parisien
  • Fugues mineures en ZAD majeure
  • Mots d’absence
  • Tant qu’il y aura de l’argent

Trajectoires I - 1999-2003 – L’antimondialisation

  • Millau-Larzac : les coulisses de l’altermondialisme
  • Genova 2001 - prises de vues
  • Les points sur la police I
  • Les pieds dans la Moqata
  • OGM et société industrielle

Savoir-faire

  • Mano Verda - Les mains dans la terre
    • Les pieds dans les pommes
    • Agrisquats – ZAD et Dijon
    • Cueillettes, avec ou sans philtres
      • Récoltes sauvages
      • Correspondance autour des plantes et du soin
      • Des âmes damnées
  • Interlude
  • Devenirs constructeurs
    • Construction-barricades-occupation
      • 15 ans de barricadage de portes de squats
      • Hôtel de 4 étages VS électricien sans diplôme d’État
      • Réoccupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
    • Constructions pérennes–installations agricoles
    • Maîtrise technique
      • Chantiers collectifs
      • Apprentissage et transmission du savoir
      • Outils et fabrique
    • Gestes et imaginaire

Fêtes sauvages

  • Prélude
  • Faire la fête
    • Entretien avec M. Carnaval, M. Free et Mme Party
    • Communautés des fêtes
      • Suite de l’entretien avec M. Carnaval, M. Free et Mme Party
      • Carte postale : Italie – La scherma
  • Éruption des fêtes sauvages
    • La fête prend le terrain : un jeu avec les autorités
      • Carnaval de quartier
      • Une Boum de gangsters
      • Compétition d’apéros géants 2009-2011
    • La fête garde la main : s’affirmer, revendiquer, s’imposer
      • Free Parties : génération 2000
      • Les karnavals des sons
      • Carnaval de la Plaine
    • La finalité des fêtes
      • Street parties : Making party a threat again…
      • Carte postale : La Guelaguetza d’Oaxaca
  • Le sens de la fête
    • Fêtes et créations d’imaginaires
      • L’imaginaire des nuits du 4 août 2011
      • Vive les sauvages !
    • Quand l’imaginaire devient tradition, coutume, culture
    • Jusqu’au bout de la fête
      • Le Banquet des nuits du 4 août
      • Ivresse, transe et Petassou

Trajectoire II - 2003-2007 – Emportés par la fougue

  • Trouver une occupation
  • Un Centre Social Ouvert et Autogéré
  • CPE, le temps des bandes
  • Les points sur la police II

La folle du logis

  • Prélude
  • Retour vers le futur
  • Mythes de luttes
    • Entretien de Wu Ming 5 et Wu Ming 2
    • Intervento
  • Figures, héros et traditions
    • Lettre à V pour Vendetta
    • Survivance
    • Entretien avec La Talvera
  • Fictions politiques

Habiter

  • Les 400 couverts à Grenoble
    • La traverse squattée des 400 couverts
    • Le parc Paul Mistral
  • Vivre en collectif sur le plateau de Millevaches
  • Nouvelles frontières
  • Matériaux pour habiter

Trajectoires III - 2007-2010 – C’est la guerre

  • la France d’après… on la brûle
  • Serial sabotages
  • Fatal bouzouki
  • La caisse qu’on attend…
  • Les points sur la police III

Hackers vaillants

  • Lost in ze web
  • Ordre de numérisation générale
  • pRiNT : des ateliers d’informatique squattés
  • Et avec ça, qu’est-ce qu’on vous sert ?
    • imc-tech
    • Serveurs autonomes
  • Logiciels libres
    • Nocturnes des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre
    • Logiciels : de l’adaptation à la production
    • Et si le monde du logiciel libre prenait parti ?
  • Hackers et offensive
    • Entretien avec sub
    • Pratiques informatiques « offensives »
  • Post scriptum
  • Chronologie

Intervenir

  • Prélude
  • Le marteau sans maître
  • Énonciation et diffusion
  • Féminismes, autonomies, intersections
  • Ancrages - Les Tanneries, 1997 - 20..
  • Rencontres avec le monde ouvrier
    • Une hypothèse
    • Aux portes de l’usine
  • Mouvements sociaux
  • Composition - indignados et mouvement du 15M

Trajectoires IV - 2010-2013

  • Charivaris contre la vidéosurveillance
  • Hôtel-refuge
  • A sarà düra Voyage en Val Susa
    • Récit de voyageurs lost in translation…
    • La vallée qui résiste
  • Les points sur la police IV
  • Une brèche ouverte à Notre-Dame-des-Landes

S’organiser sans organisations

  • Extrait d’une lettre de G., ex-syndicaliste
  • Solidarités radicales en galère de logement
  • Une histoire du réseau Sans-Titre
  • Un coup à plusieurs bandes
  • Les assemblées du plateau de Millevaches
  • S’organiser dans les mouvements barcelonais

Chers noceurs,
Nous sommes le 27 novembre 2011. Tandis que les employés communaux s’affairent aux quatre coins de la ville à étaler le Noël des marchands, une mystérieuse confrérie des « enfants sauvages » appelle ce soir les habitants des environs à venir imaginer comment permettre la résurrection du carnaval de la ville. Quinze ans que la tradition s’est perdue. À peine subsiste-t-il dans la cité au mois d’avril un vague défilé costumé des écoles porté à bout de bras par des instituteurs occitanistes.
Depuis la fin de l’été, nous travaillons à renouer les fils de ce que fut et pourrait être carnaval ici et aujourd’hui. Son heure, quand reviennent la chaleur et la lumière du printemps. Son essence disjonctée, délirante, exubérante. Nous avons pour cela convoqué chaque mois la crème des intervenants-carnavaliers-indépendants. Riche idée ! Force est de constater qu’en grande partie l’imaginaire collectif de cette fête s’est perdu chez nos contemporains. Les rituels populaires ont toujours eu des significations collées aux existences des gens. Et nous sentons bien que l’absence de rituels carnavalesques se double d’une absence de condition commune depuis laquelle les relancer. Ni poule, ni œuf ! On rame dans l’imaginaire !

Pour partager notre perception de cette fête et pour nous faciliter la tâche, nous sommes donc allés quérir un parrainage, célèbre depuis Truffaut, un ange d’inspiration : ce sera Victor de l’Aveyron, l’enfant sauvage des Monts de Lacaune. Sa destinée, symbole d’une sauvagerie que l’on a refoulée, domptée et enfermée, nous voulons la ressusciter pour mieux la renverser : les sauvages enfin libérés, la sauvagerie avec pignon sur rue ! C’est le geste de subversion carnavalesque par excellence. Le renversement du monde que promet cette fête.
Ce qui est aussi formidable autant que méconnu chez les enfants sauvages, c’est que loin de se limiter à la figure de Victor (qu’ici entre nous, tout le monde appelait Josep), ils sont un de ces fondamentaux sur lesquels se bâtissent les mythes. Un vieil ami nous atteste de la présence d’une « salvatjone » dans son village du temps de sa jeunesse, tout en précisant que bien d’autres villages du Sud-Aveyron étaient ainsi « fréquentés ». Ces « sauvages » faisaient en quelque sorte partie du paysage.
Mais pour qu’une tradition prenne, il ne suffit pas qu’elle ait raison, qu’elle soit juste ou pertinente. Comme le dit notre poète local Yves Rouquette [1] : « il vous faut la préparer la ville ! »

Compte tenu de la passion de nos concitoyens pour le vote, aggravée par la proximité des élections présidentielles, nous pensons les embarquer dans la préparation de la fête en leur proposant, quelques semaines avant le défilé, de voter pour le caramantran de l’année. Vous savez le caramantran, cette figure représentant tout ce que l’on a honni et détesté, que l’on promène dans les rues avant de la juger puis de la brûler en place publique. L’idée c’est, sur le modèle de ce que l’on appelle ici « la paume » ou les quêtes de village, de passer de maison en maison, pour demander aux gens de désigner leur « ennemi public n°1 » de l’année. C’est aussi l’occasion d’informer du retour et de la date de la fête. L’enjeu c’est d’éviter que nous soyons « nous » les enfants sauvages des Saint-Affricains. Nous ne sommes pas naïfs non plus, ce n’est pas en une année que tout adviendra. Nous partons pour dix ans minimum, le temps que la sauce prenne.
Bien à vous [2]

[1] Figure du mouvement occitan des années 70, un des animateurs du mouvement « Volem viure al pais ».

[2] Blog du carnaval de Saint-Affrique : http://carnavaldesaintaffrique.over-blog.com

C’est une aventure hors des régions balisées de notre quotidien, on est dans l’excès de créativité, dans le délire collectif. Jean Duvignaud
les noceurs de la cambrousse : Ce n’est pas parce qu’on se refuse à donner un but ou une finalité aux fêtes (...)

L’imaginaire des nuits du 4 août 2011

C’est une aventure hors des régions balisées de notre quotidien, on est dans l’excès de (...)

Quand l’imaginaire devient tradition, coutume, culture

Au Moyen-Âge on giflait les enfants pendants les fêtes pour que le corps se souvienne des (...)

Correspondances

Carte postale : Italie – La scherma
Pratiques informatiques « offensives »
Survivance
considérations autour de Guy Fawkes et des Anonymous

2011

Composition - indignados et mouvement du 15M
(Barcelone)
Ivresse, transe et Petassou
Un noceur en vadrouille au carnaval des gueux de Montpellier
Une hypothèse
Texte extrait du dossier sur le mouvement contre la réforme des retraites du n°8 de Rebetiko, hiver 2010/2011.

Constellations

le site du collectif mauvaise troupe
AGENDA
De nouvelles dates à venir bientôt.
CONSTELLATIONS

Borroka ! Désormais disponible en librairie


Cet abécédaire du Pays basque insoumis a été rédigé en vue du contre-sommet du G7 qui se tiendra en août 2019 à Biarritz. Il a été pensé comme une première rencontre avec un territoire et ses habitants. Car le Pays basque n’est ni la France au nord, ni l’Espagne au sud, ou du moins il n’est pas que l’Espagne ou la France. On s’aperçoit en l’arpentant qu’y palpite un monde autre, déroutant : le monde en interstices d’un peuple qui se bat pour l’indépendance de son territoire. Borroka, c’est la lutte, le combat, qui fait d’Euskadi une terre en partie étrangère à nos grilles d’analyse françaises. C’est de ce peuple insoumis et de sa culture dont il sera question dans cet ouvrage.
English version
Euskara
Italiano
Nous écrire.