Peut-être avez vous déjà entendu parler de Biotope ? Cette société d’études environnementales fait son beurre (40% de croissance en 2010 !) sur de gros projets destructeurs tels que cet aéroport. Biotope réalise des expertises environnementales préalables à la construction de nouvelles infrastructures, en vue, soi disant, de limiter leurs effets écologiques néfastes. C’est grâce à son travail que les promoteurs du projet peuvent affirmer sans rigoler que l’aéroport aura un impact nul sur l’environnement.
Un groupe est allé leur rendre visite joyeusement dans leurs bureaux à Rezé. Visite que la presse locale n’a pas manqué de stigmatiser par l’emploi d’un vocabulaire militaire (cette visite était, selon cette version, un “raid” d’un “commando” rompu aux techniques de “guerilla” urbaine). Voici le message qui a été laissé aux salariés de Biotope :
“Peut-être les mesures compensatoires ou d’atténuation que vous serez en mesure de proposer suffisent à satisfaire votre bonne conscience, suffisent à vous faire oublier que vous travaillez sous contrat avec la multinationale du béton, Vinci... Nous sommes ici pour vous rappeller cette abérrante contradiction. Le bétonnage de 2000 ha de terres, sacrifiées sur l’autel du progrès et du profit des actionnaires de Vinci, ne sera jamais écologique. Il n’y a pas d’aéroport écologique. On croirait un tel oxymore sorti tout droit de la novlanque de 1984. Il paraitrait même a priori superflu de rappeler la contradiction tant les mots parlent d’eux-mêmes. Et pourtant... A grand renfort de communication, on certifie l’édifice comme étant de “Haute qualité environnementale”, on annonce la création d’une Amap pour les salarié-e-s de l’aéroport, d’une ferme de démonstration et enfin grâce aux études d’impact on peut parler de solutions d’atténuation ou compensatoires et ainsi, Vinci et les pouvoirs publics parviennent à repeindre le béton en vert, à dissimuler l’évidence.
Biotope et ses salarié-e-s participent aujourd’hui grandement à donner, volontairement ou non, la légitimité écologique à un projet et à ses promoteurs.
Il n’est pas trop tard pour s’opposer à ce que quelques technocrates ont décidé pour notre avenir. Il n’est pas trop tard si quelques rouages prennent leurs responsabilités et refusent de se rendre complices de la catastrophe. On n’empêche pas un projet de se faire lorsqu’on est sous contrat avec son promoteur, prétendre le contraire est lâche et de mauvaise foi et n’a d’autre objectif que de se cacher à soi-même sa propre responsabilité. On évite commodément d’en tirer les conséquences : refuser d’obéir, refuser de jouer le jeu d’une étude d’impact dont chacun sait qu’elle est une absurdité impardonnable d’un point de vue écologique.
Il est peut-être agréable de compter les petits oiseaux, les tritons crêtés et les reptiles, de se balader dans la forêt ou d’inventorier les zones humides dans un paysage bucolique, seulement voilà, nous ne voulons pas votre inventaire, nous n’avons pas besoin de votre expertise pour savoir que nous ne laisserons pas “aménager notre cadre de vie” quoique vous puissiez en penser et quoique puissent en décider quelques élites dirigeantes.
Il est naïf d’espérer éveiller une lueur écologiste dans l’esprit de nos dirigeants ou des cadres de Vinci. Nous ne voulons compter que sur nous-mêmes, c’est pourquoi nous nous opposerons à tout avancement du projet : qu’il se cache sous le voile hypocrite de l’étude environnementale ou, au contraire, qu’il se montre tel qu’il est, massivement refusé par une population et n’avançant que sous couvert d’une armada de gendarmes.”
Au cours des derniers mois, ça n’a pas forcément fait beaucoup de bruit mais il s’est passé plein de choses ! Petit panaroma :
Rencontre imprévue sur le terrain entre des salariés de Biotope et un opposant. Une longue discussion cordiale s’engage entre autres sur le projet, sur la responsabilité individuelle, les salariés sont vivement encouragés à démissioner.
Le matériel de deux géomètres effectuant des relevés liés à la préparation des travaux annexes à l’aéroport est volé et saboté par une dizaine d’opposant-e-s au projet. Les pneus de leur voiture sont crevés.
Une voiture de Biotope, laissée sans surveillance, est peinturlurée “Non à l’aéroport écologique”
Un petit groupe repère un travailleur de Biotope dans la forêt et lui demande d’arrêter. Il menace d’appeler la police avant de partir sans avoir fini son travail. Des salarié-e-s de Biotope seront ainsi chassé-e-s à de très nombreuses reprises.
Biotope est désormais accompagné de gardes de sécurité privée.
Les pneus d’une voiture de Biotope sont crévés devant les vigiles impuissants.
Biotope ne vient plus sur le terrain qu’accompagné d’une voiture de gendarmes et une de vigiles (entreprise Securitas).
Les papiers et donc le travail de la journée d’un employé de Biotope sont volés par une opposante qui s’enfuit en courant.
Visite festive d’une cinquantaine d’opposant-e-s dans les locaux de Biotope. Un tract est distribué en musique, des documents relatifs à l’aéroport sont emmenés.
Des documents internes à biotope sont diffusés sur le net (disponibles sur nantes.indymedia.org).
Un groupe d’une vingtaine de personnes se réunit pour chasser la gendarmerie, Securitas et Biotope en mission sur le terrain. Les échanges sont vifs et des oppposant-e-s sont jeté-e-s à terre par des gendarmes enervés.
Une embuscade bloque une voiture de gendarmerie et Biotope sur la route pendant une dizaine de minutes avant que des renforts de la gendarmerie n’arrivent, flashballs en mains : les opposant-e-s se dispersent.
Deux salariés de Biotope, accompagnés d’une trentaine de gendarmes mobiles, travaillent dans la forêt ; harcelés par un groupe d’une dizaine de personnes, ils écourtent leur mission.
Une carte des zones à défricher est prise à des employés d’une agence d’aménagement travaillant sur le barreau routier.
Les vitres des bureaux de Biotope sont taguées “Stop l’écollabo !”, les serrures sont gluées et les pare-brise des voitures sont tagués lors d’une visite nocturne.
Biotope et une petite dizaine de gendarmes sont chassés par un groupe qui réplique aux gaz lacrymogènes par des oeufs remplis de peinture.
Cette liste est loin d’être complète, n’hésitez pas à en rajouter !