Suite aux annonces sur le démarrage possible des chantiers du projet
d’aéroport de Notre dame des landes,
une floppée d’articles reprenant peu ou prou les même formulations
copiés-collées sont parues dans la presse. L’une d’elle nous a
particulièrement frappé. Dans ce contexte où une nouvelle vague
d’expulsion et une destruction définitive de la zone menacent de nouveau,
on peut en effet lire un peu partout que : "200 altermondialistes campent
toujours sur la ZAD". Le chiffre peut paraitre approximatif. Le
qualificatif d’"altermondialistes" n’est par ailleurs certainement pas
celui dans lequel s’enfermeraient ceux et celles qui ont fait le choix de
défendre la zad coûte que coûte et de lutter contre l’aéroport et son
monde. Mais qu’importe ! Nous retiendrons surtout cette fois la mauvaise
blague consistant à décrire ce qui se vit ici comme un "camping". Elle a
pour conséquence nauséabonde de minimiser fortement la portée de ce qui
pourrait être détruit si César revenait avec ses troupes sur la zone. Il
est permis de se demander si les auteurs de ces dépêches cherchent à
dessein à imposer une caricature utra-réductrice du mouvement
d’occupation, ou encore si ils se contentent de recopier la terminologie
Préfectorale et n’ont juste même pas pris la peine de se rendre sur le
terrain pour observer la réalité de leurs propres yeux.
Rappelons que cela fait maintenant plus de 4 ans que de nombreuses
personnes sont venus vivre sur la zone à l’appel d’habitant-e-s et
paysan-ne-s souhaitant ne pas laisser le bocage se faire progressivement
dépeupler par Vinci. A l’automne 2012, l’opération "César" a détruit une
vingtaine de maisons occupées et espaces de vie. Plus du double ont été
reconstruit dans les mois qui ont suivi avec les moyens du bord, de
l’huile de coude, grâce à la solidarité des comités de soutiens et
habitants des environs.
En lieu et place de "camping", il y a en fait aujourd’hui plus d’une
cinquantaine de lieux d’habitation collectifs auto-construit - maison
singulières ou hameaux, ainsi qu’une dizaine de fermes et bâtisses sauvées
de la destruction, rénovées et occupées. Si certain-e-s d’entre nous
logeons dans des caravanes, roulottes et autres résidences plus mobiles,
un grand nombre d’habitats en dur édifiées sur la zone sont de véritables
oeuvres artisanales et créatives utilisant une grande diversité de
techniques architecturales, usant d’ingéniosité de circonstance et de
matériaux à peu près gratuits : terre paille, terre crue, poutres et
palettes, pneus, verre, pierre... Certaines maisons reposent à terre, sur
pilotis, d’autres sont venus se nicher dans les arbres ou flotter sur
l’eau. Nos logis sont sûrement plus joyeux et chaleureux que bien des
résidences en série, eco-hlm et autres immeubles gris. Autour de ces
habitats, la zad compte une vingtaine de nouveaux projets agricoles et
maraîchers, mais aussi des espace collectifs pour faire de la radio, la
fête, des cantines, fabriquer du pain, transformer du lait, coudre, lire,
jouer, se soigner, réparer des vélos ou des voitures. Des habitant-e-s ou
agriculteurs-trices "historiques", ayant fait le choix de résister aux
expropriations et menaces d’expulsion vivent toujours là au coté du
mouvement d’occupation. Nous sommes tous et toutes aujourd’hui des
"habitants qui résistent".
Non, nous ne campons pas mais nous construisons, cultivons et inventons
tout azimut des formes d’existences émancipatrices, malgré la menace
permanente imposée par ceux qui veulent nous voir disparaître. Nous nous
organisons depuis des années pour vivre dans le bocage au quotidien, pour
faire obstacle à la présence policière et aux travaux engagés par Vinci.
Beaucoup d’entre nous comptent bien rester ici après l’abandon du projet
d’aéroport, et personne sur la zad ne décampera sans résister. Nous ne
sommes pas ancrés à ces terres humides par quelques fragiles sardines mais
bien par de solides amarres tressées de liens ingérables par la machinerie
gestionnaire et marchande d’aménagement du territoire.
ps : Nous ne sommes pas les seul.e.s, dans les termes du pouvoir, à
"camper", surtout lorsqu’il s’agit de nous expulser et de détruire nos habitats,
que ceux-ci soient précaires ou bien enracinés. Nous souhaitons
exprimer notre entière solidarité avec les autres "campeur-euses" et
indésirables qu’ils souhaiteraient rayer de la carte : nomades, rroms,
sans-logis ou sans-papiers.
Puisqu’une image vaut parfois mille mots :
Ceci n’est pas un camping...
la suite en image ici sur le site de la zad
..c’est la p’tite maison dans le bois
c’est le far west bordel !
c’est une vigie-pirate
c’est du haut-standing
c’est la véranda
c’est la jungle
c’est en hommage à toutes les luttes du monde
c’est des annees de résistance
c’est un outrage et c’est celui que tu veux cheri !
c’est le salon dans le jardin
c’est la pierre apparente parce qu’on ne se refuse rien quand on est squatteureuses !
c’est la puissance (collective) !
c’est le dernier refuge...
c’est de la bombe bébé !
ce sont les épines qui repoussent
c’est souvent pas mal de coups de main
c’est le petit coin lecture
c’est un studio pirate
c’est une ferme (derrière le tracteur)
c’est le level-up du camping
c’est le camping avec la maison à côté
c’est une tortue
c’est une barricade-maison
ça doit etre le concierge du pétain de camping
c’est l’hallu !
c’est un nid douillet
c’est une agora
c’est quatre tonnes et demi de savoir-faire
c’est que des palettes et ça claque !
c’était il y a 6 ans, l’ouverture du camping
c’était la nouvelle nouvelle cabane
c’est sar tu patauges !
c’est à peine trois jours de taf ( à 40 000)
c’est le troisieme étage qui tue tout !
c’est l’exception culturelle
c’est une bibliotheque
c’est no tav
c’est parfois une halte garderie
...ou un défilé de gros cons
..de très très gros cons
mais non c’est pas une tente patate c’est le jardin d’hiver !
c’etait le bon vieux temps
ce serait la maison des fées.
...c’est juste pour le fun
c’était le QG
c’tait la classe internationale !
Et ce n’est qu’un début.